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Pourquoi la Construction
Sans Bois ?
La majorité des habitations urbaines
et rurales du Sahel dépendent de l'utilisation de matériaux végétaux pour
le toit, et souvent pour les murs dans les zones rurales. Les bâtiments à
toiture plate emploient typiquement de larges poutres et des lattes
intermédiaires pour soutenir les nattes tressées et la terre compactée du
toit. Les structures avec toitures en chaume utilisent encore davantage de
bois. Des études menées par DW dans la région montrent que pour presque
toutes les structures de ce type, la disponibilité et la qualité du bois
et des branches se sont détériorées de façon marquée au cours des vingt
dernières années (1).

La difficulté de
trouver du bon bois constitue une des plaintes fréquentes de la
population. Le Sahel est victime de sécheresse depuis des années et cela a
contribué à la disparition des arbres, mais le facteur le plus important
de dégradation reste la surconsommation par l'homme. Si le bois de chauffe
est un facteur majeur de surconsommation, le bois de construction en est
indéniablement un autre. Le bois de construction est invariablement pris
dans de larges troncs. Résultat : de nombreuses espèces sont aujourd'hui
totalement épuisées, et dans certaines régions, des forêts entières ont
disparues.
La Construction Sans
Bois fut développée pour apporter une réponse viable, abordable, et
accessible à ce problème à double face : comment réduire la demande pour
les ressources en péril du Sahel, tout en permettant à la population de
construire plus facilement. |
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Le temps d'écouter,
d'observer, d'adapter pour des solutions durables.
Development Workshop a commencé par un petit projet de
démonstration en 1980, et aide maintenant à la promotion de la
Construction Sans Bois à travers les pays du Sahel, au Niger, Burkina
Faso, Mali, et Mauritanie et à plus petite échelle dans les pays voisins.
Dans ce processus, un des principaux aspects a été de prendre le temps
d'adapter les techniques aux réalités locales. La contribution qu'apporta
le savoir local est fondamentale : celui-ci permit de comprendre comment
les gens construisent et utilisent les ressources locales.
La construction de
bâtiment avec des toitures voûtées ou en coupoles n'est pas une tradition
de la région. Si les conditions da Sahel sont favorables à l'idée générale
de construction de voûtes et de coupoles, les techniques, la façon de les
introduire et de les mettre en Suvre devaient être, elles, adaptées aux
habitudes, à l'expérience et aux préférences de la population, aussi bien
qu'aux particularités du climat local et de la terre disponible. On se
rendit compte de la durée du processus. Dans chaque nouvelle localité, il
a donc fallu prendre le temps :
- De montrer et
démontrer les techniques de Construction Sans Bois et de permettre aux
populations de constater par elle-même que les bâtiments sans bois
résistent à plusieurs années de pluie;
- De développer les
aptitudes et compétences locales de la population, étape fondamentale
pour la réussite du transfert des techniques de construction auprès de
la population;
- D'écouter l'avis de
la population et de réagir à leurs idées;
- D'observer le
comportement des bâtiments dans le climat du Sahel ;
- D'adapter les
techniques et les formes au contexte local avec les maçons de la région.
Citons un exemple :
les pluies de courte durée mais souvent très violentes qui sont courantes
dans le Sahel durant la saison des pluies exigent une attention
particulière quant à la forme du toit pour garantir l'évacuation rapide et
contrôlée des eaux de pluie. Mais à cause des vents violents qui
accompagnent fréquemment les orages, la pluie s'abat presque
horizontalement sur les murs : c'est pourquoi ce sont très souvent les
murs qui ont besoin de protection, davantage que les toits. Compte tenu
des conditions spécifiques souvent très locales, le choix d'un enduit de
finition, de la forme du bâtiment, etc. est toujours fortement influencé
par les pratiques locales.
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Développer les
compétences dans la communauté.
Le développement des compétences des populations est à la base même
du processus d'apprentissage de la Construction Sans Bois. La formation
est désormais entre les mains de formateurs locaux, qui parfois ont
commencé comme maçons de villages, voire même comme simples manSuvres.
Ces maçons ont progressé grâce à un processus offrant des formations
nombreuses et régulières, un apprentissage et une expérience du métier.
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Les
meilleurs maçons exportent leurs compétences, et les échanges
d'idées qui en résultent profitent aux maçons de toute la région.
Actuellement, on compte plusieurs centaines de maçons formés, et
pour beaucoup d'entre eux, la Construction Sans Bois leur donne leur
principal revenu. La Construction Sans Bois est une activité
fortement génératrice de revenus.
Les méthodes de formation
employées, ainsi que les pratiques de travail sur les chantiers font
continuellement l'objet d'évaluations et de remises au point pour
faciliter l'apprentissage des techniques par les maçons. A cela
s'ajoutent les remises à jour régulières des outils de formation,
lorsqu'on observe une faiblesse dans un processus technique,
lorsqu'il faut s'adapter à la façon d'apprendre des maçons ou, et
c'est encore plus important, lorsqu'il faut réagir à la façon dont
le public assimile les techniques. Le manuel de formation en est
maintenant à sa dixième édition en sept ans seulement.
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Par-dessus tout, le
processus révèle la nécessité de s'adapter à ce qui existe déjà, plutôt
que d'essayer d'imposer des changements aux pratiques locales, à moins que
cela ne soit réellement nécessaire. Certes, on suggère et introduit des
idées nouvelles. Mais, aussi longtemps que cela est possible, ces idées
sont utilisées en rapport avec les techniques locales. Ainsi, la
Construction Sans Bois utilise autant les briques localement disponibles
que des briques aux dimensions spéciales et étrangères. Parallèlement,
l'unité employée pour déterminer les dimensions exactes du bâtiment est
dorénavant la brique (locale), et non le centimètre ou le mètre, peu
connus des maçons locaux.
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Gagner la confiance
des populations pour qu'ils utilisent durablement la technique de la
CSB.
La confiance en la Construction Sans Bois est venue avec le temps, grâce
à la construction d'une large gamme de bâtiments de démonstration d'une
part. D'autre part, la construction d'habitations, décidée par des propriétaires
d'envergure locale ou nationale, et entreprise par des maçons formés
à la CSB a progressivement contribué à gagner la confiance des populations.
Année après année, apparaît un processus modèle d'appropriation progressive
des techniques par la population :
- On choisit des
endroits pour leur potentialité, et l'observation des bâtiments
construits sans bois est très enrichissante.
- Le processus entre
dans sa phase pratique avec la construction de bâtiments de
démonstrations.
- Des possibilités de
formations sont alors offertes aux maçons.
- Pendant la période
d'apprentissage, on assiste les maçons dans la construction de bâtiments
commandés par de vrais clients, qui fournissent le matériel, la main
d'Suvre et effectuent les finitions, mais n'ont pas à payer les maçons
en apprentissage. ·
- Une fois la
formation initiale terminée, les maçons commencent à travailler à leur
compte, même si beaucoup continuent à travailler en équipes réduites.
- Progressivement,
une demande locale se développe, et la construction spontanée apparaît :
les maçons locaux construisent des habitations à la demande de familles
et clients de la région, sans aide ou apport extérieur, uniquement avec
leurs propres capacités, matérielles et humaines.
Ce processus peut
prendre plusieurs années, et, si une année la récolte est mauvaise, la
construction de maisons sera moins importante. L'exemple de constructions
sans bois entreprises par des familles plus aisées est aussi un important
révélateur de la confiance des populations.
Le passage à la
construction spontanée est l'étape essentielle permettant de faire d'une
technique innovante une méthode durable, ayant sa place dans le processus
de construction local. DW encourage la construction spontanée en se
concentrant surtout sur la démonstration de petits bâtiments, faciles à
construire, à une, deux ou trois pièces, bien adaptés aux logements et aux
équipements publics et qui sont faciles à reproduire et
abordables.

Ainsi, en
construisant une combinaison de plusieurs de ces bâtiments simples, on
peut répondre à des besoins en bâtiments de plus grande envergure, comme
les infrastructures publiques du secteur d'état.

Les
maçons locaux sont les acteurs les plus importants dans la diffusion des
techniques. Pour les aider, ils reçoivent un support technique et
organisationnel permanent. Le but ultime est de s'assurer que chaque maçon
peut continuer à utiliser ce qu'il a appris, s'adapter aux besoins locaux
et faire valoir ses compétences auprès de la communauté locale. Ainsi, la
Construction Sans Bois occupera une place centrale dans les méthodes de
construction locales bien après que les supports extérieurs ont été
supprimés. Le processus se met en place dans les villages et villes de la
région, et, même s'il reste beaucoup à faire pour encourager le processus
et former de nouveaux maçons, la Construction Sans Bois répond aux besoins
de plus en plus de personnes au Sahel, qui construisent eux-mêmes, avec
leurs propres ressources et leurs propres compétences.
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(1) Enquêtes en cours
et travaux déjà publiés, au Mali : Development Workshop, Evaluation des
bâtiments et techniques de construction dans le cercle de Youvarou, un
rapport de DW/UICN, 1991, 45pp, illus. ; au Niger : Hammer, D.Tunley, P.
et DW, Iferouane-Habitat en évolution, un rapport de DW/UICN/WWF, 1991,
30pp, illus. |