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Prix Mondial de l'Habitat 1998
Construction Sans Bois.


La Construction Sans Bois : développer une alternative durable aux techniques de construction dans le Sahel.

On appelle la "construction Sans Bois " la construction dans le Sahel de bâtiments à toitures en voûtes et coupoles, construits avec des briques de terre crue moulées à la main.

Les briques pour les murs, ainsi que pour les toits, sont fabriquées à l'aide de simples moules rectangulaires, lissées à la main et séchées au soleil - la méthode la plus répandue dans la région.


Les voûtes comme les coupoles sont construites selon des techniques originaires d'Iran et d'Egypte. La principale caractéristique de cette méthode réside dans le fait que voûtes et coupoles sont construites sans coffrage. Ainsi, la structure tout entière - murs, linteaux et toiture - est construite de terre localement disponible, la région ayant en effet un riche patrimoine de bâtiments en terre.

Pourquoi la Construction Sans Bois ?

La majorité des habitations urbaines et rurales du Sahel dépendent de l'utilisation de matériaux végétaux pour le toit, et souvent pour les murs dans les zones rurales. Les bâtiments à toiture plate emploient typiquement de larges poutres et des lattes intermédiaires pour soutenir les nattes tressées et la terre compactée du toit. Les structures avec toitures en chaume utilisent encore davantage de bois. Des études menées par DW dans la région montrent que pour presque toutes les structures de ce type, la disponibilité et la qualité du bois et des branches se sont détériorées de façon marquée au cours des vingt dernières années (1).


La difficulté de trouver du bon bois constitue une des plaintes fréquentes de la population. Le Sahel est victime de sécheresse depuis des années et cela a contribué à la disparition des arbres, mais le facteur le plus important de dégradation reste la surconsommation par l'homme. Si le bois de chauffe est un facteur majeur de surconsommation, le bois de construction en est indéniablement un autre. Le bois de construction est invariablement pris dans de larges troncs. Résultat : de nombreuses espèces sont aujourd'hui totalement épuisées, et dans certaines régions, des forêts entières ont disparues.

La Construction Sans Bois fut développée pour apporter une réponse viable, abordable, et accessible à ce problème à double face : comment réduire la demande pour les ressources en péril du Sahel, tout en permettant à la population de construire plus facilement.

Le temps d'écouter, d'observer, d'adapter pour des solutions durables.

Development Workshop a commencé par un petit projet de démonstration en 1980, et aide maintenant à la promotion de la Construction Sans Bois à travers les pays du Sahel, au Niger, Burkina Faso, Mali, et Mauritanie et à plus petite échelle dans les pays voisins. Dans ce processus, un des principaux aspects a été de prendre le temps d'adapter les techniques aux réalités locales. La contribution qu'apporta le savoir local est fondamentale : celui-ci permit de comprendre comment les gens construisent et utilisent les ressources locales.

La construction de bâtiment avec des toitures voûtées ou en coupoles n'est pas une tradition de la région. Si les conditions da Sahel sont favorables à l'idée générale de construction de voûtes et de coupoles, les techniques, la façon de les introduire et de les mettre en Suvre devaient être, elles, adaptées aux habitudes, à l'expérience et aux préférences de la population, aussi bien qu'aux particularités du climat local et de la terre disponible. On se rendit compte de la durée du processus. Dans chaque nouvelle localité, il a donc fallu prendre le temps :

  • De montrer et démontrer les techniques de Construction Sans Bois et de permettre aux populations de constater par elle-même que les bâtiments sans bois résistent à plusieurs années de pluie;
  • De développer les aptitudes et compétences locales de la population, étape fondamentale pour la réussite du transfert des techniques de construction auprès de la population;
  • D'écouter l'avis de la population et de réagir à leurs idées;
  • D'observer le comportement des bâtiments dans le climat du Sahel ;
  • D'adapter les techniques et les formes au contexte local avec les maçons de la région.

Citons un exemple : les pluies de courte durée mais souvent très violentes qui sont courantes dans le Sahel durant la saison des pluies exigent une attention particulière quant à la forme du toit pour garantir l'évacuation rapide et contrôlée des eaux de pluie. Mais à cause des vents violents qui accompagnent fréquemment les orages, la pluie s'abat presque horizontalement sur les murs : c'est pourquoi ce sont très souvent les murs qui ont besoin de protection, davantage que les toits. Compte tenu des conditions spécifiques souvent très locales, le choix d'un enduit de finition, de la forme du bâtiment, etc. est toujours fortement influencé par les pratiques locales.

Développer les compétences dans la communauté.

Le développement des compétences des populations est à la base même du processus d'apprentissage de la Construction Sans Bois. La formation est désormais entre les mains de formateurs locaux, qui parfois ont commencé comme maçons de villages, voire même comme simples manSuvres. Ces maçons ont progressé grâce à un processus offrant des formations nombreuses et régulières, un apprentissage et une expérience du métier.

Les meilleurs maçons exportent leurs compétences, et les échanges d'idées qui en résultent profitent aux maçons de toute la région. Actuellement, on compte plusieurs centaines de maçons formés, et pour beaucoup d'entre eux, la Construction Sans Bois leur donne leur principal revenu. La Construction Sans Bois est une activité fortement génératrice de revenus.

Les méthodes de formation employées, ainsi que les pratiques de travail sur les chantiers font continuellement l'objet d'évaluations et de remises au point pour faciliter l'apprentissage des techniques par les maçons. A cela s'ajoutent les remises à jour régulières des outils de formation, lorsqu'on observe une faiblesse dans un processus technique, lorsqu'il faut s'adapter à la façon d'apprendre des maçons ou, et c'est encore plus important, lorsqu'il faut réagir à la façon dont le public assimile les techniques. Le manuel de formation en est maintenant à sa dixième édition en sept ans seulement.

Gagner la confiance des populations pour qu'ils utilisent durablement la technique de la CSB.

La confiance en la Construction Sans Bois est venue avec le temps, grâce à la construction d'une large gamme de bâtiments de démonstration d'une part. D'autre part, la construction d'habitations, décidée par des propriétaires d'envergure locale ou nationale, et entreprise par des maçons formés à la CSB a progressivement contribué à gagner la confiance des populations. Année après année, apparaît un processus modèle d'appropriation progressive des techniques par la population :

  • On choisit des endroits pour leur potentialité, et l'observation des bâtiments construits sans bois est très enrichissante.
  • Le processus entre dans sa phase pratique avec la construction de bâtiments de démonstrations.
  • Des possibilités de formations sont alors offertes aux maçons.
  • Pendant la période d'apprentissage, on assiste les maçons dans la construction de bâtiments commandés par de vrais clients, qui fournissent le matériel, la main d'Suvre et effectuent les finitions, mais n'ont pas à payer les maçons en apprentissage. ·
  • Une fois la formation initiale terminée, les maçons commencent à travailler à leur compte, même si beaucoup continuent à travailler en équipes réduites.
  • Progressivement, une demande locale se développe, et la construction spontanée apparaît : les maçons locaux construisent des habitations à la demande de familles et clients de la région, sans aide ou apport extérieur, uniquement avec leurs propres capacités, matérielles et humaines.

Ce processus peut prendre plusieurs années, et, si une année la récolte est mauvaise, la construction de maisons sera moins importante. L'exemple de constructions sans bois entreprises par des familles plus aisées est aussi un important révélateur de la confiance des populations.

Le passage à la construction spontanée est l'étape essentielle permettant de faire d'une technique innovante une méthode durable, ayant sa place dans le processus de construction local. DW encourage la construction spontanée en se concentrant surtout sur la démonstration de petits bâtiments, faciles à construire, à une, deux ou trois pièces, bien adaptés aux logements et aux équipements publics et qui sont faciles à reproduire et abordables.


Ainsi, en construisant une combinaison de plusieurs de ces bâtiments simples, on peut répondre à des besoins en bâtiments de plus grande envergure, comme les infrastructures publiques du secteur d'état.


Les maçons locaux sont les acteurs les plus importants dans la diffusion des techniques. Pour les aider, ils reçoivent un support technique et organisationnel permanent. Le but ultime est de s'assurer que chaque maçon peut continuer à utiliser ce qu'il a appris, s'adapter aux besoins locaux et faire valoir ses compétences auprès de la communauté locale. Ainsi, la Construction Sans Bois occupera une place centrale dans les méthodes de construction locales bien après que les supports extérieurs ont été supprimés. Le processus se met en place dans les villages et villes de la région, et, même s'il reste beaucoup à faire pour encourager le processus et former de nouveaux maçons, la Construction Sans Bois répond aux besoins de plus en plus de personnes au Sahel, qui construisent eux-mêmes, avec leurs propres ressources et leurs propres compétences.

(1) Enquêtes en cours et travaux déjà publiés, au Mali : Development Workshop, Evaluation des bâtiments et techniques de construction dans le cercle de Youvarou, un rapport de DW/UICN, 1991, 45pp, illus. ; au Niger : Hammer, D.Tunley, P. et DW, Iferouane-Habitat en évolution, un rapport de DW/UICN/WWF, 1991, 30pp, illus.

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